1. Je suis née à Montréal le 18 Novembre 1982 d’un père américain et d’une mère canadienne. 2. De part mes origines, je parle deux langues, le français grâce à ma mère et l’anglais grâce à mon père. 3. Je suis fille unique, lorsque j’avais six ans, ma mère attendait un deuxième enfant mais a fait une fausse couche quelques temps avant le terme. 4. Depuis la fausse couche de ma mère, mes parents ne cessent de se disputer. D’ailleurs, mon père a trompé ma mère a plusieurs reprises. Avec les années, j’ai fini par découvrir le « secret » de mon père, il était en réalité homosexuel et restait avec ma mère uniquement pour l’image, par peur de faire son coming out. Ma mère quant à elle, n’avait d’autre choix que de rester la femme de mon père car elle était dépendante financièrement. 5. J’ai toujours cherché l’attention de mes parents, mais je ne suis jamais parvenue à l’obtenir, certainement à cause de ce bébé qui n’est jamais né. 6. J’ai suivi les éducations préscolaire, primaire et une partie du secondaire au Canada. Mais je voulais suivre le lycée aux USA. J’ai demandé à mes parents de quitter le Canada pour aller à Bishopville, j’ai prétexté vouloir connaître ma famille paternelle, mais ce n’était pas ce qui m’intéressait le plus. J’espérais avec ce déménagement m’éloigner d mes parents, créer le manque mais aussi que ça s’arrange entre eux. Evidemment, ce que je souhaitais le plus c’était qu’ils m’accordent plus d’attention. Je n’aurai jamais cru pouvoir convaincre mes parents si rapidement. 7. Mon arrivée à Bishopville et plus particulièrement au lycée a été compliquée. En effet, les gens se connaissaient déjà plus ou moins bien tandis que moi je ne connaissais personne. Au début, j’ai vraiment regretté d’avoir voulu venir ici car je ne me sentais pas du tout à place dans cet endroit. Je n’avais qu’une envie, retourner à Montréal pour retrouver mes amis. J’ai fait des efforts pour m’intégrer, pour rencontrer du monde et mes efforts ont payé car j’ai réussi à m’intégrer, à connaître du monde et finalement j’ai fait la connaissance d’Emmalee, ma meilleure amie et j’ai également rencontré un homme, un certain Mickael, dont je suis tombée amoureuse. 8. J’étais très proche de Mickael et je partageais mon temps entre ma meilleure amie et mon petit ami. J’avais trouvé un équilibre qui semblait convenir à tout le monde. Je passais mes soirées de semaine avec Mickael, nous faisions les devoirs, des sorties de temps à autre. Le weekend, j’étais pour ainsi dire toujours cloitrée chez Emmalee. En plus, j’adorais sa mère et c’était réciproque, et cette relation qui était née entre la mère de ma meilleure amie et moi, me faisait du bien, elle était comme une deuxième mère pour moi et malgré qu’elle ne le fût pas, elle m’accordait plus d’attention que ma propre mère et c’était vraiment plaisant. 9. Vers la fin du lycée, j’ai perdu mon petit ami. Il est décédé dans un accident de bus scolaire. J’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre et si j’y suis parvenu, c’est grâce à la présence et au soutien d’Emmalee. Le choc qui m’a procuré la mort de Mickael a été si fort que j’ai fait un déni de grossesse et je me suis retrouvée, du jour au lendemain avec une petite fille que j’ai appelée Earlyne, en hommage à ma grand-mère maternelle. Je n’avais que dix-huit ans et cette naissance a été un véritable chamboulement dans ma vie mais j’étais heureuse que Mickael ne soit finalement pas parti sans rien me laisser de lui. 10. Professionnellement parlant, j’ai eu énormément de mal à trouver ma voie. Étant donné que mon père était un grand avocat renommé, j’ai décidé, pour attirer son attention, de me lancer dans le droit. Finalement, mon père se fichait complètement de moi et le droit ça ne me plaisait pas, alors j’ai arrêté. Ayant toujours aimé les animaux, j’ai voulu devenir vétérinaire mais je me suis ravisée. Le côté obscur de métier obligeant parfois le vétérinaire à mettre fin aux souffrances de l’animal, même si c’était une bonne raison, ce n’était pas pour moi, j’ai donc arrêté. Par contre, durant les quelques temps que j’ai fait en étude de vétérinaire, je me suis rendue compte que la chirurgie me plaisait, c’est pourquoi je me suis finalement lancée dans des études de médecine. 11. J’ai débuté mes études de médecine à l’âge de vingt ans, ma fille n’avait que deux ans, l’organisation était complexe mais j’ai réussi à m’en sortir. En spécialité, j’ai opté pour la neurochirurgie, et pour devenir titulaire, cela nécessitait douze années d’études. Cela fait aujourd’hui cinq ans que je suis titulaire. 12. Après le décès du père de ma fille, j’ai eu quelques relations par ci, par là, mais rien que je n’ai jugé aussi sérieux que ma première relation. Je ne me suis jamais sentie prête à m’engager totalement dans une relation amoureuse, me marier, avoir d’autres enfants. Toutefois, j’espère aujourd’hui que cela pourra arriver. J’avais tourné la page, j’avais une vie qui me convenait, un métier qui me plaisait, peut-être que je pourrais éviter de finir vieille fille avec des chats qui envahissent ma maison. 13. Il y a quelques temps, Emmalee a dû quitter la ville. Elle a assisté à un assassinat et en témoignant contre le meurtrier, sa vie était en danger. Elle a donc quitté la ville, du jour au lendemain, sans que je ne puisse plus jamais avoir de nouvelle. Elle devait commencer une nouvelle vie, avec une nouvelle identité dans le cadre du programme de protection de témoin. J’ai été très attristée par son départ, d’autant que j’étais très proche d’elle, mais je sais que c’est pour son bien alors je continue à vivre.